Le clonage humain
Clonage thérapeutique. Progrès et inquiétudes
Deux avancées majeures sont intervenues cette semaine en Corée du Sud et en Grande-Bretagne dans le domaine du clonage thérapeutique. Mais derrière les possibilités ouvertes, des associations redoutent une « manipulation de la vie humaine ».
Le même jour, jeudi dernier, une équipe de chercheurs sud-coréens annonçait avoir réussi à isoler, à partir d'embryons humains clonés, des cellules souches correspondant à l'ADN d'une personne, et d'autres chercheurs, britanniques cette fois, révélaient avoir créé des embryons humains clonés pour la première fois outre-Manche.
La Grande-Bretagne veut être à la pointe de la recherche sur le clonage thérapeutique, considérée par le gouvernement Blair comme une industrie d'avenir.
« Etape importante »
Les deux premières ont été saluées par la communauté scientifique. Les découvertes coréennes, en particulier, sont « une étape importante vers l'utilisation de cellules d'embryons humains clonés pour la recherche et la thérapie », selon le Pr Ian Wilmut, le père de la célèbre brebis Dolly.
« Science hors de contrôle »
Plusieurs organisations de réflexion sur la bioéthique ont en revanche exprimé leurs inquiétudes, condamnant la « manipulation de la vie humaine » et craignant, à terme, le clonage reproductif.
« On nous régale des habituelles promesses de traitement des maladies terribles comme Parkinson et Alzheimer. Nous voulons tous pouvoir les soigner. Mais la fin ne justifie pas les moyens. Des êtres humains ne doivent pas être fabriqués pour servir de " matière première " à d ' autres » , a estimé l ' association Life , qui parle de « science hors de contrôle ».
Manque de barrières légales
L' Assemblée générale des Nations unies a adopté en mars une déclaration appelant à interdire toute forme de clonage humain, mais le texte n'est pas contraignant. Il est toutefois respecté en Grande Bretagne, où le clonage reproductif est actuellement interdit. « Mais la loi peut changer. Et des médecins britanniques ouvrent des cliniques dans des pays qui n'ont pas de lois contraignantes pour y effectuer ce qui est interdit ici », dénonce une autre association.
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Le Clonage
Le clonage reproductif
La technique consiste à prélever le noyau (qui contient les chromosomes sur lesquels se trouve l'ADN) d'une cellule somatique adulte (par exemple un cellule de la peau, de la glande mammaire, du foie) et à l'injecter dans un ovocyte préalablement vidé de son noyau. Cet ovocyte provient de la mère porteuse, qui est différente de la personne à qui appartient la cellule somatique qui sera clonée. On réalise ensuite la fusion des deux cellules (la cellule somatique et l'ovocyte) en appliquant un champ électrique. Cela endommage souvent les cellules. En cas de réussite, il y a formation d'un embryon qui commencera à se développer. Il sera alors cultivé quelques temps en laboratoire avant d'être transplanté, au stade blastocyte, dans l'utérus de la mère porteuse. Le bébé aura le même patrimoine génétique que celui du donneur de la cellule somatique. On réussit ainsi une reproduction sans fécondation.
Comment cela est-il possible ?
C'est très simple: dans chaque cellule de notre corps se trouve l'ensemble du programme génétique. Cela signifie que dans l'une des cellules de ma peau, se trouve non seulement le programme pour fabriquer une cellule de la peau mais aussi celui pour fabriquer une cellule du cerveau ou du coeur. Seulement, en temps normal, les informations nécessaires (les gènes) à la fabrication d'un neurone ne s'expriment pas dans les cellules de la peau et vice versa. En quelque sorte, on peut dire que dans une cellule de la peau, ces gènes "neuronaux" s'effacent pour mettre en valeur les gènes nécessaires à la peau. De même, dans un neurone, les gènes nécessaires aux fonctions d'une cellule de la peau font silence pour que ne s'expriment que ceux nécessaires aux neurones. Dans le clonage à des fins de reproduction, on stoppe ce processus et ainsi on peut, à partir d'une cellule de la peau, fabriquer non seulement d'autres cellules de la peau, en tous points identiques aux premières, mais aussi des cellules nerveuses. On fait ainsi pour l'ensemble des cellules du corps jusqu'à reconstituer un être humain entier. Ce dernier sera génétiquement identique à celui sur lequel les cellules auront été prélevées, ce qui permet en quelque sorte de créer des "doubles" (des clones).
Est ce nouveau ?
Chez la grenouille, les chercheurs ont réussi à faire des clones à partir de cellules embryonnaires dès 1952. Néanmoins, ce n'était pas une réussite fabuleuse puisque sur 197 transferts de noyau, il y a eu seulement 2 têtards. En 1962, un pas de plus allait être franchi avec le clonage, toujours chez la grenouille, à partir des cellules adultes. Cependant, là encore il faut noter que les têtards se sont développés mais sont décédés avant de devenir "grenouilles". En 1986, des chercheurs américains font un nouveau pas en avant en clonant des veaux à partir de cellules embryonnaires et, 11 ans plus tard, c'est le fameux clonage de Dolly qui a fait la une des journaux. C'était en effet la première fois qu'on résussissait à cloner un mammifère à partir de cellules somatiques adultes. Bien sûr, on est loin d'une application "industrielle": pour fabriquer Dolly, il a fallu mettre en culture 277 embryons, parmi lesquels seulement un seul est parvenu à terme. De plus, on constata en 1999 que la brebis Dolly présentait un vieillissement accéléré. En effet, la brebis donneuse de cellules somatiques avait 6 ans lorsqu’elle fût clonée, si bien que Dolly est née avec des cellules plus âgées que celles d’un nouveau né normal.
A quoi ça sert?
Les perspectives les plus immédiates concernent la possibilité de cloner des animaux présentant des caractéristiques particulières, tels que des animaux d'élevage sélectionnés ou des animaux transgéniques. Par exemple, on peut s'intéresser à cloner une vache produisant une grande quantité de lait. Jusqu'à présent, on pouvait sélectionner cette vache et favoriser sa reproduction mais l'animal en question n'engendrait qu'un veau par an. Le cloner permettrait d'obtenir un veau par semaine!!! En ce qui concerne les animaux transgéniques, ils sont utiles pour des applications biomédicales. Par exemple, en insérant le gène adéquat dans les chromosomes de moutons ou de lapins, on peut récupérer dans leur lait des substances permettant de soigner la mucoviscidose ou l'hémophilie A. Or, ces animaux transgéniques sont difficiles à obtenir et on peut s'imaginer que la technique du clonage rendrait leur production beaucoup plus facile. D'autres parlent de cloner des espèces en voie de disparition ou même de.... cloner des espèces déjà disparues, dans le cas où l'on parviendrait à récupérer leur ADN.
Et le clonage humain ?
Là où les choses deviennent plus difficiles, c'est lorsque l'on aborde le clonage humain... Un sondage américain a révélé que 7es adultes aimeraient se faire cloner ! Leurs motivations sont variées : disposer d'un réservoir d'organes pour le cas où ils auraient besoin d'une greffe, continuer d'exister après la mort, etc. D'autres suggèrent le clonage des personnes possédant certaines combinaisons de gènes, comme des savants ou des sportifs. D'autres encore proposent le clonage des personnes chères qui seraient décédées. Derrière tous ces rêves, se profilent le désir d'uniformité (répliquer à l'infini ceux qui nous plaisent) et le désir d'immortalité (refuser la mort d'un être cher ou sa propre mort). Evidemment, pour l’instant, cela n’est pas réalisable puisque la technique n’est pas encore au point.
Mon clone est-il mon double ? Suis-je un être unique ou peut on me fabriquer à des milliers d'exemplaires?
Un clone a le même patrimoine génétique que le donneur de la cellules somatique, contrairement aux autres individus qui sont le résultat d'un brassage de gènes issus de leur père et de ceux de leur mère. Mais le clone est-il pour autant une copie fidèle de son donneur? Rien n'est plus éloigné de la réalité, puisque l'identité, tant au niveau biologique qu'au niveau psychologique, n'est pas la seule conséquence du génome. Sur le plan biologique, la différence entre deux cellules réside non seulement dans les chromosomes mais aussi dans le cytoplasme (cas de l'ADN mitochondrial par exemple). Quant à l'identité d'un être vivant complexe, elle est bien plus que la seule conséquence de l'identité biologique: elle est aussi le résultat d'une expérience, d'une mémoire. Mon clone aura mes gènes mais il naîtra bien des années après moi, sans être soumis au même environnement, sans avoir mes souvenirs, sans rencontrer ceux qui, par ce qu'ils m'ont donné d'eux, ont transformé ma vie. Mon clone n'est donc pas moi: c'est un autre, avec mes gènes. On ne peut pas me photocopier.
Le clonage reproductif dit thérapeutique
Comme nous venons de le voir, l'annonce en 1997 du clonage de la brebis Dolly avait été l'occasion d'un consensus quasi général: jamais, au grand jamais, on appliquerait une telle technologie à l'être humain. Tout le monde était d'accord sur ce point, des autorités politiques aux autorités religieuses, à commencer par le créateur de la fameuse brebis. Et pourtant, un an après, la conception du clonage humain a considérablement changé et maintenant on distingue "clonage thérapeutique" et clonage pratiqué à des fins de reproduction. Si la plupart des décideurs continuent à être réservés sur la clonage à des fin de reproduction, il n'en est pas de même pour le clonage thérapeutique.
De quoi s'agit-il ?
Dans ce cas, on commence par fabriquer un embryon cloné, exactement de la même façon que dans le clonage reproductif. Une fois la fusion du noyau de la cellule somatique et de l'ovocyte réalisé, on laisse l'embryon se développer en éprouvette jusqu'à l'âge de 8 jours environ. A ce moment là, on prélève la masse cellulaire interne de cet embryon, ce qui a pour résultat sa destruction. Les cellules ainsi prélevées sont mises en culture afin d'obtenir des cellles souches embryonnaires. Ces cellules souches sont totipotentes, c'est à dire qu'elles peuvent se différencier en cellules de nombreux tissus. A partir de ces cellules souches embryonnaires, on peut donc fabriquer des cellules du foie, du coeur, de la peau, qui auront le même patrimoine génétique que le donneur de cellules somatiques.
A quoi ça sert ?
Le but de cette technique est de disposer de cellules somatiques (du foie, du coeur, etc...) ayant le même patrimone génétique que le donneur. Ainsi, si le donneur souffre d'une pathologie grave, on pourrait remplacer ces cellules malades par des cellules clonées sans qu'il y ait rejet de cette greffe. En effet, bien souvent, l'un des problèmes majeurs des greffes est la possibilité de rejet qui survient en cas d'incompatibilité des systèmes d'histocompatibilité majeurs. Puisque dans ce cas, le patrimoine génétique du donneur et du receveur sont identiques, ce rejet ne survient pas.
Y a -t-il d'autres alternatives ?
Oui. Il existe d'autres techniques liées à l'utilisation de cellules souches adultes. Dans ce dernier cas, on prélève des cellules sur un sujet humain (adulte ou embryon) et on "duplique" uniquement le type de cellule prélevé. Par exemple, on prélève des cellules souches nerveuses et, à partir de là, on génère d'autres neurones qu'on pourra transplanter en cas de maladie neurodégénérative (maladies caractérisées par une perte de neurones dans le cerveau comme la maladie de Parkinson ou la maladie d'Alzheimer). Dans ce cas, on fabrique des cellules de la peau à partir d'une cellule de la peau, sans passer par la fabrication d'un embryon. Cette stratégie est techniquement beaucoup plus simple et ne pose pas de problèmes éthiques particuliers (puisque dans ce cas, on a fabriqué des tissus et non des embryons). De plus on s’est aperçu que le potentiel des cellules souches n’est pas réduit par leur source : par exemple des cellules musculaires et sanguines peuvent être obtenues à partir de cellules souches d’autres systèmes. Les cellules souches adultes semblent de ce fait avoir les mêmes potentialités que les cellules souches embryonnaires. On peut désormais raisonnablement évoquer des pistes de thérapie cellulaire indépendantes des prélèvements embryonnaires
Déclaration de la PAV (Académie Pontificale pour la Vie)
La finalité du présent document est d’apporter une contribution au débat qui se développe et ne cesse de s’amplifier dans la littérature scientifique et éthique, comme dans l’opinion publique, sur la production et l’utilisation des cellules souches embryonnaires. Par conséquent, en raison de l’importance croissante que prend le débat sur leurs limites et leur licéité, une réflexion s’impose pour mettre en évidence leurs implications éthiques.
Dans une première partie, on exposera très brièvement les données les plus récentes de la science sur les cellules souches, et les données de la biotechnologie sur leur production et leur utilisation. Dans une seconde partie, on attirera l’attention sur les problèmes éthiques les plus importants que soulèvent ces nouvelles découvertes et leurs applications.
Aspects scientifiques
L’_expression “cellule souche” a pour définition communément acceptée - même si quelques aspects demandent encore un plus grand approfondissement - d’être une cellule qui a deux caractéristiques: 1) la capacité d’auto-renouvellement illimité, c’est-à-dire de se reproduire longtemps sans se différencier; 2) la capacité de donner naissance à des cellules progénitrices de transition, avec une capacité limitée de prolifération, cellules dont proviennent des populations de cellules hautement différenciées (nerveuses, musculaires, hématiques, etc.). Depuis trente ans environ, ces cellules ont constitué un vaste domaine de recherches, soit dans des tissus adultes [i], soit dans des tissus embryonnaires et dans des cultures in vitro de cellules souches embryonnaires d’animaux d’expérimentation[ii]. Mais l’attention publique pour ces cellules a été récemment attirée par le franchissement d’un nouveau pas : la production de cellules souches embryonnaires humaines.
Les cellules souches embryonnaires humaines
La préparation de cellules souches embryonnaires humaines (ES, ESc, Embryo Stem cells) implique aujourd’hui[iii]: 1) la production d’embryons humains et/ou l’utilisation des embryons surnuméraires provenant de la fécondation in vitro ou de la cryoconservation; 2) leur développement jusqu’au stade de blastocyste initial; 3) le prélèvement des cellules de l’embryoblaste ou masse cellulaire interne (ICM) - opération qui nécessite la destruction de l’embryon; 4) la mise en culture de ces cellules sur une couche nourricière de fibroblastes embryonnaires irradiés de rats en terrain adapté, où elles se multiplient et s’associent jusqu’à former des colonies; 5) mises en culture répétées des cellules des colonies obtenues, qui conduisent à la formation de lignées de cellules capables de se multiplier indéfiniment, tout en conservant les caractéristiques de cellules souches (ES) pendant des mois et des années.
Cependant, elles ne constituent que le point de départ pour la préparation des lignées de cellules différenciées, à savoir des cellules qui possèdent les caractéristiques propres aux différents tissus (musculaires, nerveux, épithéliales, hématiques, germinaux, etc.). Les méthodes pour les obtenir sont encore à l’étude[iv]; mais l’inoculation d’ES humaines chez les animaux d’expérimentation (rat), ou leur culture in vitro en terrain conditionné jusqu’à leur association, ont démontré qu’elles sont capables de donner naissance à des cellules différenciées qui dériveraient, dans le développement normal, de trois petits follicules embryonnaires différents : endoderme (épithélium intestinal), mésoderme (cartilage, os, muscle lisse et strié) et exoderme (épithélium neural, épithélium squameux)[v].
Ces résultats ont ébranlé le monde scientifique autant que biotechnologique - en particulier médical et pharmacologique - de même que le monde commercial et médiatique: grandes apparaissaient les espérances laissant envisager que les applications qui pourraient en résulter ouvriraient des chemins nouveaux et plus sûrs pour la thérapie de maladies graves, chemins que l’on est en train de rechercher déjà depuis des années[vi]. Mais c’est surtout le monde politique qui fut ébranlé[vii]. Aux États-Unis en particulier, face au Congrès, qui depuis des années déjà refusait de soutenir avec des fonds fédéraux des recherches dans lesquelles seraient détruits des embryons humains, les réponses furent entre autres: les fortes pressions du NIH (National Institutes of Health) afin d’obtenir des fonds au moins en vue de l’utilisation des cellules souches produites par des groupes privés; et les recommandations de la part du NBAC (National Bioethics Advisory Committee), institué par le Gouvernement fédéral pour l’étude du problème, afin que soient octroyés des fonds publics non seulement pour la recherche sur les cellules souches embryonnaires, mais aussi pour leur production ; plus encore on insiste pour que soit définitivement annulé l’avis en vigueur qui fait office de loi sur l’usage des fonds fédéraux pour la recherche sur les embryons humains.
Vont également dans le même sens la Grande-Bretagne, le Japon et l’Australie.
Le clonage thérapeutique
Il était apparu évident que l’usage thérapeutique des ES, comme telles, comportait des risques notables, puisqu’elles étaient cancérigènes, comme on l’avait constaté dans l’expérimentation sur le rat. Il aurait donc été nécessaire de préparer des lignées spéciales de cellules différenciées en fonction des besoins ; et il ne semblait pas possible de les obtenir dans un court laps de temps. En réalité, même si on avait réussi, il aurait été bien difficile d’être certain de l’absence totale de cellules souches dans ce qui est inoculé ou dans l’implant thérapeutique, avec les risques qui s’y rattachent; et, de plus, on aurait dû recourir à des traitements ultérieurs pour surmonter l’incompatibilité immunologique. Pour ces raisons, on proposa trois chemins de “clonage thérapeutique”[viii], qui puissent préparer des cellules souches embryonnaires humaines pluripotentes avec un patrimoine génétique bien défini, cellules auxquelles on ferait emprunter ensuite la différenciation désirée.
1. Transfert du noyau d’une cellule d’un sujet donné dans un oocyte humain énucléé, suivi d’un développement embryonnaire jusqu’au stade de blastocyste et de l’utilisation des cellules de la masse cellulaire interne (ICM), en vue d’obtenir les ES et, à partir d’elles, les cellules différenciées souhaitées.
2. Transfert du noyau d’une cellule d’un sujet donné vers un oocyte d’un autre animal. Un éventuel succès devrait conduire - comme on le suppose - au développement d’un embryon humain, qu’on pourrait utiliser comme dans le cas précédent.
3. Reprogrammation du noyau d’une cellule d’un sujet donné en fusionnant le cytoplasme des ES avec le karyoplaste d’une cellule somatique, obtenant ainsi un “cybride” : une telle possibilité est encore à l’étude. De toute façon, même cette voie semblerait exiger une préparation préalable des ES d’embryons humains.
Au stade actuel, la recherche scientifique s’oriente de préférence vers la première voie, mais il est clair que, du point de vue moral, comme nous le verrons, les trois solutions envisagées sont inacceptables.
Les cellules souches adultes
À partir des études sur les cellules souches de l’adulte (ASC - Adult Stem Cells), réalisées durant une trentaine d’années, il était apparu clairement que, dans de nombreux tissus adultes, sont présentes des cellules souches, capables de ne donner naissance qu’à des cellules propres à un tissu donné. On ne pensait donc pas à la possibilité de leur reprogrammation. En revanche, au cours de ces dernières années[ix], on découvrit aussi dans différents tissus humains des cellules souches pluripotentes - dans la moelle osseuse (HSCs), dans le cerveau (NSCs), dans le mésenchyme (MSCs) de divers organes et dans le sang du cordon ombilical (P/CB, placental/Cord blood) - capables alors de donner naissance à plusieurs types de cellules, en majorité hématiques, musculaires et nerveuses. On a vu comment les reconnaître, comment les sélectionner, comment les stimuler dans leur développement et comment les conduire à former différents types de cellules matures au moyen de facteurs de croissance et de protéines régulatrices. Un chemin notable a même déjà été parcouru dans le domaine expérimental, mettant également en application les méthodes les plus avancées d’ingénierie génétique et de biologie moléculaire par l’analyse du programme génétique qui agit dans les cellules souches[x], et par la transduction de gènes désirés dans des cellules souches ou progénitrices qui, implantées, sont capables de restituer leurs fonctions spécifiques à des tissus endommagés[xi]. Il suffit de souligner, sur la base de quelques travaux cités en note, que, chez l’homme, les cellules souches de la moelle osseuse, à partir desquelles se forment toutes les lignées de cellules hématiques, ont comme marqueur de reconnaissance la molécule CD34 et que, purifiées, elles sont capables de reconstituer l’intégralité de la population de cellules hématiques chez les patients qui reçoivent des doses ablatives de radiations et de chimiothérapie, et cela à une vitesse proportionnelle à la quantité utilisée de cellules. Plus encore, on a déjà des indices sur la manière d’orienter le développement des cellules souches nerveuses (NSCs) en utilisant différentes protéines - parmi lesquelles la neuroréguline et la protéine 2 osteomorphogène (BMP2, Bone Morphogenetic Protein 2) -, qui sont capables de conduire les NSCs à devenir des neurones ou des cellules gliales (cellules neuronales de soutien, productrices de myéline) ou encore du muscle lisse.
La satisfaction, malgré tout prudente, avec laquelle se concluent beaucoup des travaux cités est un indice des grandes promesses que les “cellules souches adultes” permettent d’entrevoir pour une thérapie efficace de nombreuses pathologies. Ainsi, D. J. Watt et G. E. Jones affirment : “Les cellules souches musculaires, de la lignée myoblastique embryonnaire ou adulte, peuvent devenir des cellules de plus grand intérêt pour des tissus différents du tissu d’origine, et être la clé de thérapies futures, même pour des maladies autres que des maladies d’origine myogène” (p. 93); J. A. Nolta et D. B. Kohn soulignent : “Les progrès dans l’utilisation de la transduction génique dans les cellules souches hématopoïétiques ont conduit à lancer des expérimentations cliniques. Les informations que l’on en obtiendra guideront les développements futurs. En définitive, la thérapie génique pourra permettre de traiter des maladies génétiques et acquises sans rencontrer les complications dues aux transplantations de cellules allogènes” (p. 460) ; et D. L. Clarke et J. Frisén confirmaient : “Ces études suggèrent que les cellules souches dans les différents tissus adultes peuvent être beaucoup plus proches, malgré ce que l’on pensait jusque-là, des cellules embryonnaires humaines, jusqu’à avoir dans certains cas un répertoire très semblable” et “ elles démontrent que des cellules nerveuses adultes ont une large capacité de développement et sont potentiellement aptes à être utilisées pour produire une variété de sortes de cellules pour des transplantations en cas de maladies diverses”.
Tous ces progrès et les résultats déjà obtenus en ce qui concerne les cellules souches de l’adulte (ASC) laissent donc entrevoir non seulement leur grande plasticité, mais aussi leur grande capacité d’utilisations, vraisemblablement pas différente de celle des cellules souches embryonnaires (ES), étant donné que la plasticité dépend en grande partie d’un contrôle génétique, qui pourrait être reprogrammé.
Évidemment, il n’est pas encore possible de comparer les résultats thérapeutiques obtenus ou ceux qui peuvent l’être en utilisant les cellules souches embryonnaires et les cellules souches adultes. En ce qui concerne ces dernières, des expérimentations cliniques[xii] sont déjà en cours dans différents laboratoires pharmaceutiques; elles laissent entrevoir de bons succès et offrent des espoirs sérieux dans un avenir relativement proche. En ce qui concerne les premières, même si différentes approches expérimentales donnent des éléments positifs[xiii], leur application dans le domaine clinique - en raison des graves problèmes éthiques et légaux qui y sont liés - demande une nouvelle et sérieuse prise en considération et un grand sens de la responsabilité face à la dignité de tout être humain.
Problèmes éthiques
Étant donné la nature du document, on formulera brièvement les problèmes éthiques essentiels posés par ces nouvelles technologies, indiquant la réponse qui se dégage d’une prise en considération attentive du sujet humain depuis le moment de sa conception; cette prise en considération est à la base de la position affirmée et proposée par le Magistère de l’Église.
Le premier problème éthique, fondamental, peut être ainsi formulé: “Est-il moralement licite de produire et/ou d’utiliser des embryons humains vivants pour la préparation d’ES?"
La réponse est négative, pour les raisons suivantes:
1. Sur la base d’une analyse biologique complète, l’embryon humain vivant est - à partir de la fusion des gamètes - un sujet humain avec une identité bien définie, qui, dès ce moment-là, commence son propre développement de façon coordonnée, continue et graduelle, de sorte qu’il ne pourra être considéré, à aucun stade ultérieur, comme un simple amas de cellules[xiv].
2. Il s’ensuit que, comme “individu humain”, il a droit à sa vie propre ; c’est pourquoi toute intervention qui n’est pas en faveur de l’embryon lui-même constitue un acte qui lèse ce droit. La théologie morale a depuis toujours enseigné que, dans le cas du “ius certum tertii”, le système du probabilisme n’est pas applicable[xv].
3. Par conséquent, l’ablation de la masse cellulaire interne (ICM) du blastocyste, qui altère de façon grave et irréparable l’embryon humain, en arrêtant son développement, est un acte gravement immoral et donc gravement illicite.
4. Aucune fin considérée comme bonne, telle l’utilisation de cellules souches qui pourraient en être obtenues pour la préparation d’autres cellules différenciées en vue de traitements thérapeutiques dont on pourrait beaucoup attendre, ne peut justifier une telle intervention. Une fin bonne ne rend pas bonne une action en soi mauvaise.
5. Pour un catholique, cette position est confirmée par le Magistère explicite de l’Église qui, dans l’encyclique Evangelium vitæ - en se référant aussi à l’Instruction Donum vitæ de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - affirme: “L’Église a toujours enseigné, et enseigne encore, qu’au fruit de la génération humaine, depuis le premier moment de son existence, doit être garanti le respect inconditionnel qui est moralement dû à l’être humain dans sa totalité et dans son unité corporelle et spirituelle : ‘L’être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être innocent à la vie’”[xvi].
Le deuxième problème éthique peut être formulé ainsi: Est-il moralement licite de réaliser le “clonage thérapeutique” à travers la production d’embryons humains et la destruction qui en résulte pour la production d’ES ?
La réponse est négative, pour la raison suivante :
Tout type de clonage thérapeutique qui implique la production d’embryons humains puis leur destruction, en vue d’en obtenir des cellules souches, est illicite, car on revient à la question éthique précédemment exposée, qui ne peut recevoir qu’une réponse négative [xvii].
Le troisième problème éthique peut être formulé ainsi: Est-il moralement licite d’utiliser les ES et les cellules différenciées qui en proviennent, éventuellement fournies par d’autres chercheurs ou que l’on peut trouver dans le commerce?
La réponse est négative, car au-delà du partage, formel ou non, de l’intention moralement illicite de l’agent principal, dans le cas présent, il y a une coopération matérielle très proche dans la production et la manipulation d’embryons humains de la part des producteurs ou des fournisseurs.
En conclusion, le sérieux et la gravité du problème éthique posé par la volonté d’étendre au domaine de la recherche humaine la production et/ou l’utilisation d’embryons humains, même dans une perspective humanitaire, apparaissent comme évidents.
Le fait, désormais vérifié, qu’il est possible d’utiliser des cellules souches adultes pour atteindre les finalités auxquelles on souhaiterait parvenir avec les cellules souches embryonnaires - même s’il faut encore beaucoup de développements ultérieurs dans l’un et l’autre domaines avant d’avoir des résultats clairs et définitifs - indique la première position comme la voie la plus raisonnable et la plus humaine en vue d’un progrès convenable et valable dans ce domaine nouveau qui s’ouvre à la recherche et qui permet d’envisager des applications thérapeutiques prometteuses. Cela représente sans aucun doute une grande espérance pour un bon nombre de personnes qui souffrent.
Le Président
Prof. Juan de Dios Vial Correa
Le Vice-Président
S.E. Mgr Elio Sgreccia
Cité du Vatican, 25 Août 2000.
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1:Clonage thérapeutique : alerte pour la démocratie !
Communiqué de la Fondation Jérôme Lejeune
L'ancien ministre français de la recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg, vient de déposer une proposition de loi visant à abroger l'article de la loi de bioéthique de 2004 interdisant le clonage thérapeutique. La Fondation Jérôme Lejeune dénonce cette manipulation de l'opinion publique et de la démocratie. Elle publie un communiqué que nous reproduisons ci-dessous.
Une équipe sud-coréenne a créé des lignées de cellules souche à partir de 31 embryons clonés âgés de 5 jours. Les chercheurs coréens, gênés par l'appellation "clonage" parlent d'« obtention de lignées de cellules souches embryonnaires par transfert nucléaire ». Une équipe britannique a réussi également à mener le développement d'un embryon cloné jusqu'au stade de blastocyte mais sans parvenir à obtenir des lignées de cellules. Aussitôt, comme il fallait s'y attendre des voix se font entendre pour obtenir en France l'autorisation de pratiquer ces expérimentations humaines. L'ancien ministre de la recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg, vient de déposer une proposition de loi visant à abroger l'article de la loi de bioéthique de 2004 interdisant le clonage thérapeutique. La Fondation Jérôme Lejeune dénonce cette manipulation de l'opinion publique et de la démocratie.
Une fuite en avant inutile, immorale et irresponsable
Inutile : car les patients qui attendent, risquent d'attendre longtemps. Pourquoi ? Parce que les cellules souches embryonnaires, qu’elles soient issues du clonage ou non, sont sans avenir thérapeutique et qu’en prenant le chemin de traverse du clonage, on déshérite une recherche qui pourrait être directement conduite dans l’intérêt des patients avec les cellules souches adultes, à l'efficacité déjà reconnue.
On n'attend effectivement aucune retombée thérapeutique du "clonage dit thérapeutique". A la suite du rapport de l'Unesco d'août 2004, les scientifiques forcés de reconnaître qu'il n'y a aucune recherche thérapeutique possible sur les cellules embryonnaires, obtenues par clonage ou non, utilisent d'ailleurs aujourd'hui le terme de "clonage de recherche". Les promesses de guérison pour les patients et leurs familles font naître un espoir illusoire.
Immorale : car outre le fait d'abuser la crédulité des patients, on se félicite des travaux d'une équipe qui a pour la première fois crée des embryons humains en vue de les utiliser comme matériau de laboratoire. In utero ou in vitro, l’embryon est un membre à part entière de l’espèce humaine caractérisé par son patrimoine génétique qui fait de lui un être unique et irremplaçable. On peut changer les mots, mais la réalité demeure.
La Fondation Jérôme Lejeune s’insurge que l'on puisse ainsi se réjouir de l’exploitation d’une catégorie humaine par une autre. La Fondation Jérôme Lejeune dénonce ces recherches "inhumaines". Elles sont une honte pour l'intelligence et la science, et pour l'humanité toute entière. Elles défigurent la médecine.
Irresponsable : car le clonage de recherche et le clonage reproductif sont très exactement la même technique de reproduction. Il n'est pas possible d'interdire l’un et de refuser l’autre. Faire semblant de le croire est mensonger et irresponsable car il engage toutes les générations à venir. L'opinion publique est trompée.
Les Français sont "balladés"...
Une loi de bioéthique déjà reniée avant d’être appliquée
Au terme de cinq années d’élaboration, la loi de bioéthique française du 6 août 2004 a condamné le clonage. La volonté du législateur – qui vient tout juste de s’exprimer – serait-elle déjà remise en cause ou bien les citoyens ont-ils mal compris ? Quelles sont les raisons qui commandent d’envisager une remise en cause de ce que, dans l’hémicycle, on s’était solennellement engagé à ne pas faire ? Il n'y a aucun argument nouveau en faveur du clonage. Au contraire depuis 2004 le clonage n'est plus à l'honneur dans le droit international.
Le droit international est hostile au clonage humain
- L’ONU s'est prononcé contre toutes formes de clonage humain. L’Assemblée générale des Nations Unies a en effet adopté le 8 mars 2005 et après deux années de débat, une Déclaration sur le clonage des êtres humains, déclaration de référence. « Les Etats Membres sont invités à adopter toutes les mesures voulues pour protéger comme il convient la vie humaine dans l’application des sciences de la vie et à interdire toutes les formes de clonage humain dans la mesure où elles seraient incompatibles avec la dignité humaine et la protection de la vie humaine. »
- Le Parlement européen a adopté le 10 mars 2005, une Résolution sur le commerce d’ovules humains dans laquelle les députés se félicitent de la déclaration de l’Assemblée générale des Nations Unies qui mentionne explicitement la nécessité d’écarter le risque d’exploitation des femmes ; ils invitent la Commission à retirer le financement au clonage des êtres humains dans le cadre de tout programme de l’Union européenne et en particulier du 7e Programme-cadre de recherche.
Le Parlement demande que l’Union se concentre sur les recherches sur les cellules souches adultes et ombilicales. Ce type de recherche ayant déjà permis le traitement de patients avec succès.
La Fondation Jérôme Lejeune souhaite que la France se concentre sur des recherches solidaires. La médecine ne peut s'affranchir du respect des Droits de l'Homme.
Pour une recherche solidaire :
La Fondation Jérôme Lejeune appelle au développement des recherches sur les cellules souches adultes pleines de promesse et d'espoir. Ces recherches sont une véritable réponse à la souffrance des personnes atteintes de maladies graves et respectent les Droits de l'Homme.
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